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Paris, la ville … ?

Flèche-Bas

La plus belle ville du monde montre un bien triste visage depuis quelques semaines. Les manifestations à répétition, de plus en plus violentes ; la grève perlée des éboueurs qui laisse une trace bien évidente sur les trottoirs, donnent un terrible coup de projecteur sur une Capitale qui cherche sa voie depuis un bon moment.

En l’espace d’une décennie, ce qui n’était que des événements négatifs ponctuels, s’accumule au point d’écorner sérieusement l’image et la réputation de la 1ère destination touristique mondiale.

Sans remonter jusqu’au calendes grecques, le paysage de l’hospitalité du Grand Paris promettait d’évoluer largement après une longue période de croissance laborieuse, faute de terrains disponibles et/ou de volonté affirmée des responsables politiques.

Il faut reconnaître que la situation est particulièrement complexe quand les territoires se chevauchent, que les attributions ne sont pas claires et que la coopération entre politiques de bords différents n’est pas volontaire. Les discussions entre les élus de Paris, de la Métropole et de la région Paris Capitale ressemblent parfois à des chamailleries.

Les bonnes intentions se heurtent à des intérêts contradictoires. Le manque de décisions provoque immanquablement des retards. Le rejet mutuel des accusations ne peut pas toujours servir d’échappatoire.

Car on peut dresser un lourd bilan des dysfonctionnements qui affectent l’attractivité de Paris : le Grand Paris Express ne serait pas au rendez-vous des grands événements internationaux ; les travaux d’aménagement des quartiers parisiens révulsent ses habitants ; le plan de circulation exclut des moyens de transport performants par dogmatisme ; la logique de substitution vers la mobilité douce est remise en question ; et que dire de la transformation tant attendue de Réinventer Paris …

Pour ceux qui auraient oublié le concept, Réinventer Paris est une initiative de la Mairie pour répondre au manque de terrains disponibles. Libérer des friches ou des bâtiments inoccupés en contrepartie de projets innovants pour offrir à la capitale de nouvelles capacités d’accueil et une image de modernité et d’audace, tel était le principe de base, renouveler plusieurs fois entre 2014 et 2019.

Il faut reconnaître que plusieurs projets sortis de ces appels d’offre ont apporté de vraies nouveautés, mais pas autant qu’on aurait pu l’espérer. La priorité à l’innovation et à l’audace a souvent cédé le pas à un critère financier dans les appels d’offre. Les promoteurs lauréats des concours se devaient d’être les mieux-disants économiques pour satisfaire l’appétit financier des édiles parisiens.

Par voie de conséquence, la synthèse entre l’audace et la rentabilité de l’équation économique a rarement abouti à autre chose qu’une programmation classique. Où est la réinvention ?

Et comme Paris au sens large est un territoire partagé, la Métropole, gouvernée par un autre conseil d’élus, a lancé aussi son programme Inventons la Métropole du Grand Paris, version 1, 2 et 3. Pensez-vous qu’il y ait eu coordination entre les responsables ? Encore faudrait-il qu’ils s’entendent et s’écoutent. Certes, l’ambition n’est pas la même, puisqu’elle porte essentiellement sur les aménagements autour des 68 gares nouvelles du Grand Paris Express, mais un grand dessein commun n’aurait pas fait de mal.

Il peut sembler facile de s’attaquer aux incohérences, souvent relevées, de la Mairie de Paris. Elle met un certain acharnement à décourager les investisseurs, à changer les règles du jeu de son PLU pour dessiner un Paris qui oublie son rôle de Capitale, de centre mondial du tourisme et des affaires, pour en présenter une version idyllique aux électeurs de chaque arrondissement.

On pourrait multiplier les exemples de projets qui privilégient la satisfaction des riverains à l’ambition d’une métropole internationale. Que deviendra ainsi le site de l’Hôtel Dieu de Paris, en plein cœur de ville, à deux pas de Notre-Dame ? Prendra-t-il exemple sur Lyon ou Marseille qui ont transformé leur propre site en véritable lieu de vie et d’échange entre les populations locales et les visiteurs ? Il pourrait devenir un nouveau carrefour de rencontres mais en fait il est plutôt question d’y construire des logements sociaux et d’y abriter des associations caritatives, des laboratoires de biotechnologies et, de façon temporaire, des foyers d’artistes en mal de spot.

L’attractivité de Paris va-t-elle en souffrir ? Sera-t-elle mise à mal durablement par les épisodes récents ? Ce n’est même pas certain. Heureusement direz-vous et on ne peut pas le souhaiter ! La Ville Lumière profite d’un pouvoir d’attraction presqu’inoxydable, généreusement entretenu par des initiatives privées qui compensent les faillites et les errements municipaux. Les fondations de grands mécènes comme Bernard Arnault ou François Pinault multiplient les occasions de visiter Paris avec leurs grandes expos.

Du côté de l’hospitalité, quelles que soient les difficultés rencontrées, les investisseurs privés continuent de lancer leur projet de construction et de rénovation d’hôtellerie. Ils mobilisent ainsi beaucoup de capitaux pour que Paris puisse continuer à tenir son rang.

Les JOP avancent à grands pas et vont contribuer à transformer des quartiers défavorisés ; ouvrant de nouvelles possibilités de découverte sur la Petite Couronne. On pourra juger après-coup si Paris aura aussi bien exploité les Jeux que Londres, son éternelle rivale. La gouvernance efficace d’un territoire aussi complexe reste une question essentielle pour y parvenir. Entre rivalité, coups de griffe, phrases assassines et solidarité de façade, on peut légitimement s’interroger.

De belles initiatives comme Paris&Co, l'agence d'innovation territoriale de la capitale, subissent elles-mêmes les conséquences de ce dogmatisme qui conduit à réduire les aides destinées aux initiatives privées de son incubateur qui cherche à réinventer le tourisme.

Si trop souvent le dogmatisme semble prévaloir sur le réalisme, le revirement récent sur la gestion des trottinettes électriques montre qu’il n’y a pas de fatalité. Mais faut-il en arriver à des situations chaotiques pour réagir dans le bon sens.

Quoi qu’on en dise et malgré les efforts des autres grandes métropoles en régions, Paris reste le phare de la destination France. Dans le marketing, tout est une question de promesse et Paris, vitrine internationale, en incarne une part essentielle.

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