Personne n’aurait parié sur un retour de performances au niveau de 2019, dès 2022 et c’est ce que l’on peut qualifier d’une agréable surprise. Beaucoup voyaient cela plus loin et avaient sous-estimé de nombreux facteurs. Les prévisions d’activité faites par MKG Consulting en 2021, étaient en deçà des performances constatées cette année et faisaient pourtant des sceptiques. En réalité, ces prévisions, qui étaient jugées très optimistes, ont été dépassées.

Face à cette crise inédite, l’enjeu était de préserver l’outil de production touristique, en cela les gouvernements européens ont pris leurs responsabilités en soutenant le secteur et tous les acteurs de l’économie.

Ce sont avant tout les marchés régionaux qui ont appuyé la reprise, comme l’ont démontré les performances des compagnies aériennes low-cost. Ryanair, qui n’opère que des vols courts ou moyen-courriers, a annoncé des records historiques de bénéfices liés non seulement aux prix mais aussi au nombre de passagers transportés. Si les compagnies historiques, présentent sur le long courrier, ont également bénéficié de la reprise, il leur reste encore du chemin.

Côté hébergements, certaines destinations ont largement tiré leur épingle du jeu et notamment la France (+7%), La Grèce (+6,4%), l’Italie (+4,7%) et le Royaume Uni (+3,9%) qui terminent l’année dans le vert côté RevPAR, sans toutefois retrouver les niveaux d’occupation de 2019. Carrefour des loisirs entre pays du sud et pays du nord, c’est la France qui a bénéficié de cette attractivité dans la zone régionale européenne. Les grandes destinations touristiques ont également pu compter sur une clientèle internationale, et notamment américaine, qui avait hâte de revenir en Europe.  Plus que jamais, ces bons indicateurs nous montrent que notre secteur a franchi un cap en tant que bien de consommation courant. On ne peut rien lui souhaiter de mieux, il a dû absorber nombre de chocs et a pu bénéficier d’une bouffée d’air avec ce rebond inespéré.

A date, ce qui a bridé la reprise, n’a pas été le manque de soutien pour les entrepreneurs du secteur, mais le manque de personnel dans les établissements. Le coup de frein n’est pas venu de là où on l’attendait. Ce n’est pas le manque de dynamisme de la demande, ou encore des défaillances massives mais un mal plus ancien, l’attractivité du secteur qui a enrayé la machine de production. D’un facteur conjoncturel, on passe à un facteur structurel qui force les professionnels du secteur à se remettre en question.

A plus long terme, qu’en sera-t-il du monde du voyage ? De façon contre intuitive, il y a eu une vague de fond autour du travel ban. Voyager en train, limiter ses déplacements ; sont autant de discours qui ont été largement partagés dans une réaction au dérèglement climatique que tous les citoyens ont pu constater en 2022. Pour l’instant, cela n’a pas porté à conséquences mais cela rappelle au secteur qu’il doit bien rester aligné avec les attentes de la société. Il faut rapidement que les acteurs de la filière ouvrent une troisième voie, entre les usages du voyages pré-Covid et ceux qui imaginent un monde où l’on devrait se limiter à trois voyagent dans sa vie.

Ce qui maintient la fréquentation c’est aussi certains profils de clients fortement contributeurs. Ainsi les Entreprises du Voyage constatent une baisse de 25% du nombre de clients en agence de voyages, qui souhaitent partir à l’étranger, pour un chiffre d’affaires constant. Une donnée qui démontre que très majoritairement, à date, la demande du secteur n'est pas constituée de consommateurs sensibles aux arbitrages budgétaires.

Plus que jamais, 2023 sera l’année de la réinitialisation des acteurs du secteur. Chez Hospitality ON, nous resterons à l'écoute des faisceaux faibles et évolutions des bonnes pratiques que nous continuerons à vous partager. Pour décrypter les tendances et prendre le pouls des transformations à venir, rendez-vous le 12 juin au Hospitality Operator Forum et le 9 novembre pour le Hospitality Asset Forum.

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