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La caravane passe, les punaises restent sur ceux qui aboient

Flèche-Bas

Orgueilleux, voire arrogants comme on nous décrit souvent, nous avons une tendance naturelle à ne pas trop apprécier les critiques, surtout quand elles ne sont pas vraiment justifiées. On ne laisse à personne le privilège de nous tirer une balle dans le pied, on sait très bien le faire nous-même. Sans tomber dans la paranoïa, est-ce que vous entendez comme moi cette petite musique qui se diffuse à l’étranger ? La France secouée par l’insécurité ; la France infestée par les parasites ; la France où il ne ferait plus si bon vivre…

C’est plus qu’une rumeur puisque les humoristes internationaux en font des tonnes sur nos matelas habités de punaises, sur les grèves qui nous paralyseraient, sur la morosité sociale qui nous gagnerait, sur l’insécurité qui se manifesterait. Les Allemands ont - avait - l’habitude de dire « Heureux comme Dieu en France » pour décrire un état à la limite du bonheur suprême. Aujourd’hui, ils ne sont pas les derniers à nous décrier, encouragés par les Anglo-saxons, ce qui est plus naturel. Mais qu’est-ce qu’on leur a fait ?

Derrière cette fumée irritante qui se diffuse insidieusement, quel est le feu qui couve ? Est-ce qu’on aurait fini par déclencher un agacement perceptible chez nos voisins et néanmoins concurrents ?

Quoiqu’on en dise, et certainement quoi qu’il en ait coûté, la France et ses acteurs économiques ont globalement mieux traversé la crise que nos grands voisins. On le paiera sans doute d’une façon ou d’une autre mais le rebond a pu se produire parce que les forces vives sont restées en état de marche. Ce qui est vrai pour toute l’économie l’est aussi particulièrement pour notre secteur touristique.

Les crises géopolitiques successives, les pénuries provoquées par les conflits, la montée de l’inflation sont absorbées dans la douleur, certes, mais toujours avec un filet de protection qui amortit la chute. Les choix passés se révèlent judicieux en limitant notre dépendance énergétique et le coût de la facture.

Le Revenge Travel en faveur de la France par la clientèle internationale, l’accueil de la Coupe du monde de rugby, la préparation des prochains Jeux Olympiques et Paralympiques sont comme un alignement de planètes favorable à l’activité touristique qui ne s’est pas privée d’en profiter. Alors forcément ça agace…

C’est l’une des explications de la montée d’un « French bashing » que les observateurs commencent à relever. On aime bien s’en prendre au bon élève. Et quand c’est la France qui pousse son cri du coq, c’est encore plus tentant.

On pourrait s’en amuser et jeter un regard distant sur les manchettes de certains journaux, sur les reportages de télévisions étrangères. Mais la conséquence commence à se faire sentir dans les réservations hôtelières et les réservations aériennes internationales. Un fléchissement qui n’est pas naturel et des explications embarrassées mais qui laisseraient entendre que le séjour en France serait gâché par les punaises, le mauvais temps ou la violence.

Gaulois indisciplinés et querelleurs, nous ne sommes pas les derniers à polémiquer, à s’invectiver mutuellement. Mais pour une fois, il serait bon de faire une sorte de front uni, de ne pas donner prise aux jalousies ou aux dénigrements. Notre pays ne va pas si mal et c’est une chance. Notre industrie touristique est plutôt en forme et c’est un atout à enfoncer dans la concurrence. De manière un peu surprenante, ce sont les mêmes qui nous critiquent qui recherchent des opportunités de développement en France. Il y a bien une raison objective.

Attention, l’Espagne ne participe pas trop au concert des critiques. Elle affiche une sérénité justifiée par des chiffres qui s’améliorent chaque mois, en termes de fréquentation internationale et de revenus touristiques. Elle est toute disposée à récolter les fruits du French bashing qui détournerait à son profit une partie des flux mondiaux.

Laissons les chiens aboyer, qu’ils embarquent avec eux les punaises qu’ils voient partout, mais ne nous laissons pas démonter par la critique. Le service, l’accueil, la qualité des prestations de l’hospitalité française ne sont pas pris en défaut. Il serait opportun d’en faire collectivement la démonstration et la promotion.

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