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ESG, passer de pionnier à leader : un mal Français

Flèche-Bas

L’engagement dans une politique de responsabilité sociétale des entreprises n’est plus un argument de différenciation, quand le monde entier a pris conscience qu’on ne pouvait plus agir sans se soucier de la planète et de ses habitants. En matière de RSE, la loi qui s’impose d’ores et déjà aux grandes entreprises, finira par être la règle pour tout acteur économique.

L’industrie de l’Hospitalité est sans doute l’une des premières à s’être saisie du dossier et à le transposer au quotidien en mesures concrètes. Mais si le savoir-faire est ancien, le faire-savoir laisse à désirer. En France on pense souvent que son talent s’impose de soi sans en faire la démonstration. Les entrepreneurs hôteliers ne sont pas en reste en matière de développement durable, loin de là. Mais il n’est pas inutile de mettre davantage leurs initiatives sur la place publique.

Depuis des décennies, la prise en compte des conséquences de leur présence sur un territoire est au cœur des préoccupations des groupes hôteliers. Leur sensibilité évidente à un environnement fragile a conduit les groupes scandinaves et canadiens à être les fers de lance d’un mouvement éco responsable qui s’est ensuite largement développé sur tous les continents, dans les destinations « exotiques » comme dans les pays développés.

Faut-il rappeler que depuis la 1ère édition des Hospitality Awards, il y a plus de 20 ans, plusieurs initiatives exemplaires sont récompensées par un trophée du Développement durable.  Le label « B Corp » des entreprises à mission, se diffuse également progressivement dans le secteur hôtelier, avec une accélération ces dernières années.

La protection du cadre naturel, la réduction de l’empreinte sur les ressources locales, la nécessité d’intégrer les populations au fonctionnement des établissements, sont depuis longtemps en œuvre dans l’univers de l’hospitalité et servent même de modèle à d’autres secteurs économiques.

Notre industrie peut se vanter à juste titre d’avoir été pionnière mais a-t-elle suffisamment communiqué sur l’ampleur des plans mis en œuvre ? La lecture des rapports des grands groupes, qu’ils s’appellent Growing the right way chez IHG, Planet 21 chez Accor, Travel with purpose chez Hilton, Marriott Serve 360°, The Greater Good chez Banyan Tree, pour ne citer que quelques-uns, est édifiante sur la diversité et la richesse des actions engagées. « Il existe une hôtellerie de convictions qu’il faut soutenir et accompagner », argumente Joris Bruneel, à la tête d’un groupe qui plaide pour cette exemplarité et dont les établissements parisiens sont les premiers à être des entreprises à mission.

La RSE bien comprise et bien appliquée n’est pas qu’un inventaire des « bonnes intentions ». Ses performances s’analysent désormais via les indicateurs chiffrés de l’ESG. Les dimensions Environnementales, Sociales et de Gouvernance des entreprises sont décortiquées pour éliminer toute tentative de greenwashing et récompenser les démarches authentiques.

La France est-elle bien placée sur l’échelle des bonnes pratiques ? Fait-elle bien savoir les engagements pris et les démarches entreprises ? Le catalogue est pourtant très large des initiatives pour justifier son attitude exemplaire : le Grenelle de l’Environnement, les normes HQE, la politique énergétique valorisant le nucléaire, la protection des zones littorales, l’aménagement du territoire, les stratégies de décarbonation, la mise en place des ZFE, un réseau ferré dense, le droit du travail, la promotion de l’égalité salariale, la recherche de la parité dans les instances dirigeantes.

Toutes ces dispositions légales ou règlementaires constituent déjà un socle qui met la France dans le peloton de tête des « Best ESG Nations », même si l’ADEME fait la fine bouche en assurant que nos 8% de PIB valent 12% des émissions de carbone. Objectivement, à destination comparable, la France dispose encore d’un avantage concurrentiel, d’autant que les opérateurs touristiques mettent les bouchées doubles pour rester en pointe en matière de développement durable. Mais combien de temps faudra-t-il pour que les bonnes pratiques se généralisent et que l’on se fasse rattraper voire doubler par des pays mieux communicants ?

Ne pas être à la hauteur de ces enjeux sera très vite un facteur discriminant. Encore faudra-t-il pouvoir se fier à de bons indicateurs pour en piloter la progression et valider un benchmark réaliste entre destinations compétitrices. C’est la mission que s’est fixée MKG et que nous avons rappelée à l’occasion du MIPIM, pour les mois à venir : doter le secteur des bons outils pour relever durablement ce défi.

On est encore qu’au début de la « préférence durable », celle qui oriente le choix des visiteurs vers telle ou telle destination. Mais pourquoi prendre du retard pour raconter notre « récit » alors que le phénomène va s’amplifier avec les nouvelles générations ? Le « touriste » sera le nouveau juge de paix, arbitrant par ses choix et ses dépenses entre les territoires qui prétendent jouer la carte de la responsabilité sociétale.

L’ambition affichée de nos politiques est de positionner la France comme la 1ère destination durable en Europe (et pourquoi pas au monde). Ce doit être un enjeu majeur à relever par nos instances de promotion pour profiter de la « prime au leader ». Dont on peut s’interroger sur leur efficacité, car elles sont trop absentes des grands événements internationaux. Il y a largement de quoi alimenter cette ambition dans toutes les régions, dans toutes les métropoles, en évitant de partir en ordre dispersé. Pour une fois, les Gaulois réfractaires à toute action coordonnée, pourraient puiser dans cette « potion magique » de quoi les rassembler et prendre un leadership décuplé au niveau européen.

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